Méditer en pleine tempête :
Trouver l’ancrage quand tout va mal
Quand tout vacille, où poser le pied ?
Il y a des jours, des semaines, parfois des mois où l’on a l’impression d’être pris dans un tourbillon. Le corps tendu, la gorge serrée, le mental en ébullition. Impossible de se poser, et encore moins de méditer. Tout semble hurler en nous, comme si le simple fait de s’arrêter allait nous engloutir encore plus. Et pourtant… C’est précisément dans ces moments que la méditation devient essentielle. Pas une méditation parfaite, immobile, en paix. Non. Une méditation brute, maladroite, avec le cœur qui cogne et les pensées qui fusent. Une méditation vraie.
Accepter la tempête
On croit souvent que méditer, c’est faire le vide. Se calmer. Se recentrer. Mais méditer, c’est surtout observer ce qui est là, sans lutter.
Si c’est le chaos, alors asseyons-nous avec lui. Si c’est la colère, écoutons ce qu’elle a à dire. Si c’est la peur, laissons-la respirer.
On ne combat pas une tempête en lui ordonnant de s’arrêter. On l’accueille, on la traverse, et surtout… on s’ancre.
« Ce qui vient et part n’est pas réel. Ce qui reste immuable est réel. »
— Ramana Maharshi
Réaliser cela change tout. Ce que nous vivons dans l’instant semble absolu, mais en réalité, ce n’est qu’un passage.
Trouver son ancrage
Dans la tourmente, le corps est notre meilleur allié.
- Sentir le poids du corps sur le sol.
- Écouter sa respiration, même saccadée.
- Poser une main sur son ventre, sur son cœur, et simplement sentir qu’on est vivant.
Ca commence comme ça l’ancrage : une épaule qui se relâche, les doigts qui s’immobilisent, une expiration plus longue, une sensation fugace de stabilité, d’exister ici et maintenant. Ça suffit.
Le nez dans le guidon, nous perdons parfois de vue cette possibilité, c’est pourquoi nous pratiquons, régulièrement, pour ancrer cette compétence en nous.
Venir sur le tapis, encore et encore. Revenir à son corps, à ses postures, à cette discipline qui, même lorsqu’elle semble répétitive, est un repère quand tout bouge autour de nous.
Nous le constatons chaque jour : le climat actuel est pesant. Crise économique, tensions politiques, relations sociales parfois électriques… Cette atmosphère nous affecte, au point de nous faire délaisser ces petites habitudes qui nous faisaient du bien, tant elles paraissent insignifiantes face au tumulte.
Et pourtant, c’est justement maintenant qu’elles sont essentielles. Chaque respiration, chaque posture ancrée dans la présence est un refuge. Chaque séance est une promesse : celle d’un instant où vous retrouvez votre stabilité, où vous vous rappelez que votre force ne dépend pas des circonstances extérieures.


Accepter l’imperfection
Il va donc y avoir ces jours où l’on s’assoit, et tout crie en nous. Ces jours où chaque tentative de silence se transforme en un défilé de pensées incontrôlables. Alors quoi ? On laisse tomber ?
Non. On s’assoit quand même.
On médite « mal », mais on médite.
On laisse tomber nos attentes, sur la pratique, sur ce qui devrait être, sur ce que nous devrions être.
On accepte que la séance ne soit pas « parfaite », pas « profonde ».
La méditation, ce n’est pas une performance. C’est un rendez-vous avec soi-même, même quand on ne va pas bien.
Rien n’est permanent... sauf ce que nous sommes vraiment
Au Yoga nous observons tous les phénomènes. Et nous nous rappelons. Tout ce qui est mouvement est impermanent.
La peur, la colère, l’angoisse, le chaos mental… Tout cela surgit, nous traverse, puis disparaît. Comme une tempête.
Mais ce qui voit la tempête, ce qui en est le témoin, ne bouge pas.
Ce n’est pas une idée, ni une sensation. C’est ce que nous sommes, avant même de penser « je suis ». Un espace, sans définition ni limite, toujours là, même lorsque tout semble s’effondrer à l’intérieur de celui ci, il en demeure inchangé.
« Vous êtes l’espace dans lequel tout se produit. »
— Eckhart Tolle
Nous ne sommes pas la tempête. Nous sommes le ciel dans lequel elle passe.
Alors, on continue de pratiquer, on continue d’exister. Même avec le souffle court parfois. Même avec un mental agité.
Un instant après l’autre.
Parce qu’un jour, sans même s’en rendre compte, on réalisera que l’orage s’est dissipé. Et que derrière lui, il y avait toujours cet espace immobile.
Notre véritable nature.
Méditativement, Basile
Le 18 Mars 2025