La violence
Qu'est-ce que la violence ?
La violence peut être définie, dans un sens large, comme l’utilisation d’une contrainte ou d’une force, physique ou psychologique, exercée contre soi-même ou contre autrui, entraînant des conséquences allant du simple dommage au traumatisme, parfois irréversibles, jusqu’au décès.
À partir de cette définition, nous pouvons reconnaître la présence de violence dans l’ensemble de notre monde, jusque dans la nature elle-même.
La violence n’est pas un accident, mais l’une des expressions du vivant et de la survie.
Le prédateur chasse, la cellule immunitaire détruit le microbe, les territoires se conquièrent et se défendent ; pour se nourrir, se reproduire, et aujourd’hui pour bien d’autres tristes raisons.
Où prend naissance la violence ?
La violence surgit toujours dans la rencontre : celle d’un mot, d’un geste, d’une situation qui vient heurter quelque chose en nous.
On croit alors qu’elle est inhérente à ce qui est venu nous heurter de l’extérieur, qu’elle est provoquée par l’autre, par le monde.
Mais si l’on observe plus attentivement, on découvre qu’elle naît à l’intérieur de nous-mêmes.
La violence que nous croyons voir dehors n’est que le reflet de celle qui nous habite.
Parfait exemple : la phrase précédente, pour certains, peut sembler violente.
Parce qu’elle touche une image, une croyance, une mémoire.
La violence naît toujours dans la rencontre entre le mot et celui qui l’entend — dans l’écart entre ce qui est dit et l’attente de celui qui écoute.
Notre souffrance naît dans l’écart entre le réel (ce qui est perçu sensoriellement) et l’image que nous avons construite de ce qu’il devrait être.
Chaque fois que le monde ne correspond pas à nos attentes, une résistance se forme en nous ; elle devient jugement, puis colère.
La souffrance de notre ego, attaché à défendre sa vision de ce que la réalité devrait être face à ce qu’elle est, avec la légitimité de sa colère ou de sa peur, le pousse à agir sur le monde extérieur pour le rendre conforme à l’image qu’il en a et retrouver sécurité et confort.
C’est ce mouvement, en s’extériorisant, qui devient porteur de violence lorsqu’il rencontre l’autre, l’animal, le sensible ou le monde.
Nous percevons la violence lorsque nous croyons être victimes d’une injustice, mais ce que nous ressentons alors, c’est notre propre réaction, notre propre image blessée.
Nous ne voyons jamais la réalité nue : nous voyons à travers ce que nous sommes.
Ainsi, la “violence du monde” est d’abord la violence de notre perception, entretenue par nos jugements et notre mémoire.
C’est dans l’identification à cette agitation intérieure que nous interprétons ce que nous appelons le mal, la dureté, l’offense.
Se libérer de la violence
Dans la tradition du Ashtanga Yoga (Patanjali), le chemin vers la paix intérieure commence par les Yama, cinq observances morales qui orientent le pratiquant dans sa relation au monde et favorisent à la fois l’harmonie sociale et l’évolution personnelle.
Le premier d’entre eux, Ahimsa, la non-violence, ne se réduit pas à une règle morale : il exprime naturellement l’état d’un esprit clair, libre du conflit intérieur, pour qui la violence n’a plus de raison d’être.
Observer la violence en soi, c’est accepter de la voir sans la condamner, ni la justifier.
Tant que nous nions sa présence en nous, elle se dissimule et agit dans l’ombre.
Lorsque nous observons consciemment, la tension perd son pouvoir.
Ce qui s’exprimait autrefois par la dureté ou la défense devient disponibilité, écoute, présence.
La violence n’est pas l’ennemie de la paix ; elle est le passage par lequel la paix devient consciente d’elle-même.
C’est en traversant nos propres résistances que naît une relation véritable avec le monde, où le contact ne provoque plus de réaction, mais d’ouverture.
Avec douceur,
Basile
Le 28 Octobre 2025
P. S.
Un message un peu plus personnel qu’informatif : il nous arrive à tous d’être violents, et heureusement le plus souvent de manière involontaire — moi le premier.
Quand cela m’arrive, je fais de mon mieux pour sortir du combat et de la tension interne dans laquelle je me trouve, sans chercher à justifier ou à expliquer mon comportement.
Observer la triste réalité : oui, j’ai été violent.
Mais avec la joie de le voir, même un peu tard, et la confiance de pouvoir, peut-être, faire différemment la prochaine fois.
Se responsabiliser face à ce phénomène, et chercher à réduire notre violence sur l’environnement et sur ceux qui nous entourent, est à la base de mon engagement personnel et professionnel.
Et je suis heureux de partager ce chemin avec vous — un chemin où nous nous entraidons.
